Un passé dépassé ? Les mémoires protestantes des guerres de Religion (vers 1685-2022)

Alors que les protestants français cultivent le souvenir de la Saint-Barthélemy depuis le xvie siècle, le contexte des guerres de Religion (1562-1598), dans lequel s’inscrivent les célèbres massacres, semble beaucoup moins retenir leur attention. Or ces troubles civils et religieux représentent une crise majeure de l’histoire nationale et voient, pour la première fois, les protestants français prendre les armes en grand nombre. C’est tout l’objet de la thèse de Laurent Ropp, soutenue le 22 novembre 2024 à Le Mans Université, que de saisir, dans la longue durée, les mémoires de ces conflits dans les communautés issues de la Réforme.

Des années 1680, marquées par une controverse interconfessionnelle sur les guerres de Religion, au 450e anniversaire de la Saint-Barthélemy (2022), cette recherche éclaire la manière dont le présent influence le souvenir des luttes du second xvie siècle et examine dans quelle mesure ces conflits du passé restent d’actualité dans les siècles qui les ont suivis. Un vaste corpus imprimé, auquel s’ajoutent des sources plus originales, comme 526 réponses à un questionnaire en ligne, est mobilisé afin de rendre compte des réactivations mémorielles et de mettre au jour les continuités et les transformations des représentations et des usages des troubles. Centrée sur les réformés français tout en intégrant les luthériens et les évangéliques de l’Hexagone ainsi que les communautés protestantes de trois pays d’accueil de la diaspora huguenote, cette investigation offre également une réflexion sur l’unité et la pluralité des mémoires huguenotes.