La fabrique mémorielle de la reddition de La Rochelle sous Louis XIII : oublier, mais punir
Cet article étudie la fabrique mémorielle officielle de la reddition de La Rochelle en 1628 sous Louis XIII. Il interroge la manière dont la mémoire du siège a été utilisée comme outil politique, instrumentalisée par le roi pour consolider son autorité. L’examen de trois sources contemporaines – la Déclaration du roi sur la réduction de la ville de La Rochelle en son obéissance, Le Triomphe de la piété à la gloire des armes du roi de Nicolas Caussin, et la tragédie La Rochelaise – met en évidence les mécanismes de propagande à l’œuvre dans la construction d’un « narratif » officiel des événements. Leur analyse montre que, tout en promouvant une politique d’oubli inspirée des édits de pacification antérieurs, la monarchie instaure paradoxalement une commémoration punitive, à travers la mise en place de rituels et l’érection de monuments visant à mettre en scène la soumission des Rochelais et à l’ancrer dans l’espace urbain. On comprend ainsi comment la mémoire du siège devient un outil de légitimation monarchique, réduisant les vaincus à des figures de contrition et célébrant le souverain comme un héros puissant, mais magnanime.