Les débuts de l’anabaptisme à Zurich (1525) : entre Luther, Zwingli et le mouvement paysan
Il est aujourd’hui courant de dater de janvier 1525 le début de l’anabaptisme suisse. Cet article montre le cheminement historiographique depuis le XVIe siècle qui rend une telle affirmation crédible. Pendant longtemps, catholiques et protestants ont caractérisé l’anabaptisme comme responsable du soulèvement paysan (1525) et du « Royaume de Münster » (1534-1535). Pour les catholiques, c’était la faute de Luther, pour les protestants, c’étaient Carlstadt et Thomas Müntzer. Cette historiographie ne permettait pas de différencier les mouvements multiples de la dissidence protestante, parfois appelée « réforme radicale ». Il a fallu les travaux et les typologies de Troeltsch et de Weber pour arriver à une appréciation plus positive de l’anabaptisme comme mouvement ayant participé à l’établissement de liberté de conscience et de la séparation de l’Église et de l’État en Occident. L’historiographie plus récente constate une pluralité de mouvements anabaptistes, mais donne priorité aux origines zurichoises. Ces origines puisent dans les idées de Zwingli et de Luther, ce qui donne en premier lieu un anabaptisme qui chemine avec le soulèvement paysan dans plusieurs localités suisses et autour de Waldshut. Pendant le printemps 1525, des communautés anabaptistes naîtront ayant un soutien politique. En même temps, on trouve l’émergence d’une ecclésiologie plus séparatiste et non-violente qui prendra le dessus à partir du synode de Schleitheim en février 1527.