Une polémique en sourdine : l’introduction d’une liturgie funèbre dans les Églises réformées francophones au XIXe siècle

Si l’on a pu parler, à propos des usages funéraires réformés, d’un processus de déritualisation, le terme de décléricalisation est en réalité plus pertinent. L’absence des pasteurs sur la scène funéraire réformée a constitué, à partir du xvie siècle, un marqueur confessionnel fort : il signifiait visiblement le rejet de l’intervention ecclésiastique sur le destin spirituel des morts comme une superstition. Mais, à partir de la fin du xviiie siècle et davantage encore au siècle suivant, les pratiques funéraires réformées se transforment, notamment sous la pression de la rivalité avec les rituels catholiques. Il faudra cependant un siècle avant que les formulaires liturgiques réformés n’intègrent une codification des funérailles. C’est cette longue élaboration que ce texte étudie en distinguant une première période marquée davantage par des débats d’une seconde période durant laquelle des innovations ponctuelles s’introduisent dans la pratique avant d’être officialisées par les liturgies. Au terme du processus, les Églises réformées semblent avoir consenti à faire le deuil d’une partie au moins de leur particularisme funéraire.