Baptistes et catholiques en France, le choc des différences, 1 : Des années 1810 aux débuts de la IIIe République

Jusqu’aux débuts de la IIIe République, la société française a réintégré le protestantisme selon des modalités différentes. Les Églises baptistes, qui commencent à s’implanter en France dans la décennie 1810, sont des nouvelles venues. Elles fonctionnent par conversion. Très prosélytes, elles se heurtent à un catholicisme en position largement dominante, qui accepte mal qu’une offre de salut concurrente se déploie dans les paroisses. Cet article revient sur le « choc des différences » mis en lumière par l’évangélisation baptiste en direction des catholiques jusqu’au milieu des années 1870. Les réactions du clergé catholique depuis le début du XIXe siècle révèlent une forte mobilisation, qui s’inscrit dans la tension entre reconquête catholique et prosélytisme revivaliste (I). L’enjeu des enterrements constitue l’un des terrains où se cristallise l’opposition, avant la loi du 28 juillet 1881 qui laïcise les cimetières. La réponse baptiste se caractérise par un anticatholicisme offensif (II). Empruntant à des répertoires utilisés aussi par les autres protestants, les baptistes présentent le catholicisme comme un contre-modèle. Au modèle moniste d’Ancien Régime dont le catholicisme leur semble le défenseur, ils opposent le primat de l’association volontaire de convertis.